La remarquable colonnade de Bry-sur-Marne classée patrimoine d’intérêt régional

Érigée au début du XXe siècle, la massive colonnade, le cœur du square de Lattre-de-Tassigny à Bry-sur-Marne, a été classée patrimoine d’intérêt régional par la région Île-de-France ce vendredi. C’est le seul lauréat val-de-marnais parmi les vingt nouveaux sites labellisés.

 

« Ce lieu rencontre la petite et la grande histoire », décrit Charles Aslangul, le maire (LR), non sans émotion, pour décrire la colonnade du square de Lattre-de-Tassigny, labellisée ce vendredi « patrimoine d’intérêt régional » par la région Île-de-France. Et pour cause, des générations de collégiens des établissements Henri-Cahn et de l’institut Saint-Thomas de Villeneuve, ont trouvé et trouvent refuge sous les deux ailes de cette colonnade, seul site val-de-marnais primé cette année parmi les vingt lauréats franciliens.

« On s’y retrouvait tous après les cours ou à la pause de midi. C’est plein de souvenirs », décrit avec un brin de nostalgie le jeune élu. Situé à deux pas de l’église, cet espace, qui accueille également un parc de jeux pour enfants et des installations sportives, est dominé par ce monument atypique, composé de deux vastes galeries et d’un kiosque central, surmonté d’une coupole semi-sphérique.

Un riche Allemand a constitué ce patrimoine avant qu’il ne soit saisi

Ce monument, construit au tout début du XXe siècle, a été bâti à la demande de Christian Lorenz, un Allemand naturalisé français qui a fait fortune dans le négoce de perles fines. Après avoir racheté une maison de maître, aménagé un parc de 4 hectares, il avait demandé à deux architectes, Juste et René Vieux, de bâtir ce bâtiment dans le plus pur style du XVIIIe siècle.

« Ce bâtiment symbolise la réussite sociale de son propriétaire et demeure emblématique de l’architecture développée dans les villégiatures de la Belle Époque, où la bourgeoisie profitait des bords de la Marne », détaille Vincent Roblin, directeur du musée municipal et responsable du patrimoine au sein de la commune.

Cette belle histoire prend une tournure plus tragique avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. « Il a été accusé à tort d’espionnage et l’ensemble de ses biens ont été saisis, précise Vincent Roblin. Il a dû fuir la France. »

Un square municipal depuis 1927

Finalement, les lieux deviennent un square municipal en 1927 et ont vu se succéder des générations d’habitants de la ville. « C’est vraiment un lieu paisible. Je m’y rends souvent », témoigne d’ailleurs un promeneur. Ce bâtiment, dans son jus depuis sa création, aurait malgré tout besoin de travaux. « Le temps a fait son œuvre. Les murs intérieurs sont décrépits, témoigne le maire, qui se réjouit de ce classement. Nous allons pouvoir bénéficier de subventions, ce qui nous aidera pour la réalisation des travaux. » On aperçoit un socle vide, la statue en piteux état ayant été mise à l’abri.

En attendant, les lycéens pourront continuer de s’y réfugier, à l’abri de la pluie et des regards. « C’est un coin joli, témoigne une retraitée, avant d’ajouter non sans malice. C’est aussi le coin des lycéens. »

Dix sites labellisés dans le Val-de-Marne

Dans la région Île-de-France, depuis 2018, 160 sites, dont dix dans le Val-de-Marne, ont été labellisés patrimoine d’intérêt régional. On retrouve aussi bien du patrimoine à caractère industriel, comme les Caves carrières « Delacroix » à Ivry-sur-Seine, que celui représentant une architecture typique d’une époque ou d’un lieu, comme les bâtiments Napoléon des hôpitaux de Saint-Maurice, le bâtiment dit de l’horloge, ou le chalet des canotiers, sans oublier le club de l’Aviron Marne et Joinville, à Joinville-le-Pont, ou la villa Daguerre de Bry-sur-Marne, la cité-jardin de Champigny-sur-Marne, la guinguette de bord de Marne, à Villeneuve-Saint-Georges, sans oublier le domaine de la Fondation nationale des arts graphique à Nogent-sur-Marne. Autant de témoins d’une époque ou d’une manière de vivre.



On trouve également un bâtiment religieux avec l’église Notre-Dame à Vincennes. Dans tous les cas, cela représente un réel apport en termes de subventions – puisque la restauration peut-être financée à hauteur de 30 % du projet – et des aides de fonctionnement, pour la valorisation et l’accueil des tourismes, à hauteur de 20 %. « Cette appartenance à ce réseau nous permet d’envisager un avenir différent, comme pour la villa Daguerre où une étude est en cours, précise Vincent Roblin. C’est un projet à plusieurs millions d’euros, en vue de la création du Collège international de la photographie du Grand Paris. »