Bry-sur-Marne : l’immeuble menace de s’effondrer, les habitants évacués en urgence

Le maire a pris vendredi un arrêté d’évacuation d’une partie de la résidence située place de la Fontaine après qu’une habitante a signalé des fissures avec «des craquements». Au total, près de 70 personnes ont dû quitter leur logement. Le bailleur avait commandé en septembre «une mission d’analyse des risques».

 

Bry-sur-Marne, lundi matin. Représentants de la mairie, membres du syndicat et des experts se sont retrouvés pour faire le point sur la situation après un arrêté de péril et l’évacuation de deux bâtiments dans la nuit de samedi à dimanche.

« J’avais une fissure dans ma chambre et elle s’agrandissait, décrit Bruno, ce lundi matin, alors qu’il passe devant deux bâtiments interdits d’accès, pour dire bonjour à un ami. J’ai bien fait de déménager ! » Durant la nuit de vendredi à samedi, Charles Aslangul, le maire (LR) de Bry-sur-Marne, a fait procéder à l’évacuation de 32 logements — 28 étant occupés — de cette résidence en comptant 70 et située place de la Fontaine, avec l’appui de la police nationale et du bailleur, le syndic 1001 Vies habitat. Il fallait « préserver par précaution l’intégrité physique des familles résidentes », précise l’élu. Au total, près de 70 personnes ont été évacuées.

« Ça a sonné à 22 heures, décrit une mère de trois enfants. On nous a simplement demandé de préparer un sac et on nous a dit qu’on allait être évacué d’ici à une heure. Heureusement, on a eu une heure samedi pour venir rechercher des affaires. »



Cette décision « objectivement dure à prendre », Charles Aslangul l’a prise après avoir mandaté en urgence une experte qui a constaté un « danger de péril imminent » menaçant la structure. « Elle a noté un affaissement de la dalle d’un appartement du rez-de-chaussée, le déplacement d’un mur, des fissures qui longent le mur porteur du rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage, des terrasses qui se décollent et des fissures importantes dans un escalier, énumère le maire, passablement en colère contre le bailleur. Une semaine après le drame de Lille, nous avons tous eu peur. »

« Des carottages pour étudier le terrain » devaient démarrer

« Heureusement qu’une dame a appelé la mairie, ajoute d’ailleurs une habitante préférant rester anonyme, relogée dans l’hôtel Ibis, à quelques centaines de mètres de là, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Cela fait deux ans qu’on se plaint de fissures auprès du bailleur, sans résultat. » La lanceuse d’alerte s’était même rendue à la mairie, évoquant des fissures avec « des craquements ».

Le maire Charles Aslangul explique aux habitants les raisons de l'évacuation de deux bâtiments d'une résidence dans la nuit de vendredi à samedi.
Le maire Charles Aslangul explique aux habitants les raisons de l’évacuation de deux bâtiments d’une résidence dans la nuit de vendredi à samedi. DR

Avant l’évacuation, le maire avait contacté le bailleur et appris que ce dernier avait demandé une première expertise qui ne parlait pas de péril imminent. « En septembre, le syndic a commandé une mission d’analyse des risques » auprès d’un bureau d’études, confirme ce lundi soir 1001 Vies habitat, qui ajoute « que des repères ont été posés fin octobre, afin d’étudier la structure de l’immeuble ». La préconisation reçue : « Le colmatage des fissures et étayage au niveau du parking. »

Un chantier finalisé le 9 novembre, selon le bailleur, qui révèle toujours ce lundi soir que « des travaux devaient commencer, notamment des carottages pour étudier le terrain ». Des études pour le ravalement de façade devaient être inscrites « à la prochaine assemblée générale de copropriété », poursuit 1001 Vies habitat.

« Je pouvais passer le poing dans le mur de mon jardin »

Ce lundi, les abords de l’immeuble parlent d’eux-mêmes. « Regardez comment tout s’affaisse sur la cour du bas », montre un riverain. « Je pouvais passer le poing dans le mur de mon jardin », ajoute une autre habitante, qui parle d’un étai placé sous une arche pour la consolider. « Ils l’ont retiré après avoir refait la peinture », s’énerve Maroun, qui évoque aussi des soucis depuis deux ans.

Le site, implanté sur un sol argileux, avec le passage d’anciennes sources, pourrait avoir été impacté par la dernière sécheresse. « La canicule qu’on a connue cet été a contribué à fortement dégrader la situation, en entraînant des mouvements de terrain », précise d’ailleurs le syndic.

Certaines fissures font craindre le pire concernant l'état de ce bâtiment, comme ici sur cette fenêtre du rez-de-chaussée.
Certaines fissures font craindre le pire concernant l’état de ce bâtiment, comme ici sur cette fenêtre du rez-de-chaussée. LP/S.D.

« Vu l’état des bâtiments, ce n’est pas des mois mais des années d’abandon », ne décolère pas le maire, qui souhaite « une réhabilitation totale de l’immeuble et des espaces extérieurs. » La petite place de la Fontaine, au cœur de ces bâtiments de quatre étages, « est à l’abandon, avec des dalles qui s’affaissent de partout », décrit Charles Aslangul.

Le bailleur 1001 Vies Habitat attend, « en milieu de semaine, un rapport exhaustif » sur l’état de l’immeuble et espère le retour des locataires dans leur logement. Faute de quoi, il s’engage à les « reloger ». Ce lundi, la plupart étaient hébergés par la famille, chez des amis, ou à l’hôtel Ibis de Noisy-le-Grand.