Bry-sur-Marne, haut-lieu de tournage du cinéma français

La moitié des productions françaises y passe. A l’échelle internationale, ce sont 200 longs-métrages qui y sont tournés chaque année. Situés à 15 kilomètres de Paris, les studios de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) sont devenus au fil des années un lieu de référence du 7e art.
Les derniers décors du prochain opus d’Astérix et Obélix viennent d’être démontés, après plusieurs mois de tournage, dont huit semaines monopolisant la totalité du site. Un grand vide s’installe alors, le même qu’après le départ de chacune des grandes productions telles que celles d’Hunger Games en 2014 ou plus récemment, du Chant du Loup en 2019. Quelques jours de répit seulement pour ces murs qui ont assisté à des milliers de séquences : de nouveaux comédiens et cadreurs sont déjà en chemin.
Emplacement idéal
Construit en 1987 par la société française de production (SFP), le site a d’abord été utilisé pour des tournages d’émissions télévisées, avant de se concentrer vers le cinéma lors de la privatisation du groupe en 2002 par Euro Média Télévision. Ce rachat s’accompagne alors de l’ouverture des plateaux à des productions privées françaises puis internationales, et marque ainsi le début de la renommée des studios, qui deviennent rapidement un fleuron du cinéma.

Et pour cause : outre l’emplacement idéal à proximité de la capitale, la capacité du site sait convaincre producteurs et chefs décorateurs.Sur 20.000 m2 se répartissent 7 studios allant de 300 à 1.100 m2 équipés de plafonds techniques pouvant supporter des tonnes de matériels et mais aussi de fosses, permettant de prolonger le décor sous terre. Le spectacle continue à l’extérieur, où une fausse rue a été spécialement construite pour les tournages : comme pour les studios en intérieur, chaque production a le champ libre pour réaménager ce décor fait de bois et de polystyrène. Entre l’extérieur et l’intérieur, il est ainsi possible d’accueillir simultanément 8 productions, même si la plupart du temps, celles-ci louent plusieurs studios à la fois.

Selon Pascal Becu, directeur des studios, la recette de ce succès tient également à une répartition astucieuse de l’espace : « Pour chaque studio, nous avons au moins deux fois la surface dédiée à des fonctions supports. » Aux côtés des immenses salles de tournage se trouventde larges halles, dédiées à la construction de décor. Menuiser, serrurier, plâtrier, sculpteur, costumier, teinturier, peintre… à chaque métier son atelier et ses machines conçues pour une production quasi industrielle. Les comédiens ne sont pas en reste : des dizaines de loges leur sont dédiées.

Acteurs, techniciens décorateurs : au total 500 personnes fourmillent dans les couloirs des studios, toutes embauchées par les productions. Celles-ci se chargent également de l’achat du matériel de scénographie et assurent la restauration de ses équipes.

Les studios de Bry ne comptent ainsi que 8 salariés à plein-temps, chargés de l’accueil de ces équipes. Une logistique bien huilée : « Nous louons les studios, les espaces supports mais aussi des zones de stockage et des bureaux pour les productions. Notre métier, c’est de l’hôtellerie ! » compare le directeur.
Pour concevoir les décors sur place, les studios de Bry-sur-Marne mettent à disposition des productions d’immenses halles de menuiseries, serrurerie, peinture…

En 2018, alors que les tournages s’enchaînent, le site est menacé par le rachat du terrain par le groupe Nexity : « Le risque, c’était que l’on nous demande de partir pour construire des logements » se souvient Pascal Becu. Grâce à la mobilisation de la mairie de Bry-sur-Marne et le soutien de nombreux professionnels du cinéma, les studios traversent cette tempête, pour finalement aujourd’hui, envisager de s’agrandir sur le terrain adjacent, au sein du futur pôle d’excellence de l’image, un projet piloté par Charles Aslangul, maire (LR) de la commune et qui regroupent de nombreux élus franciliens . « Nous pourrions pratiquement doubler nos capacités, avec là encore un ensemble cohérent de nouveaux studios et espaces supports » explique le directeur.

L’agrandissement n’est pas prévu avant au moins trois ans, mais il serait déjà le bienvenu. L’essor des séries, nécessitant de long mois de tournage, fait déborder le carnet de réservation de Pascal Becu. Les studios de Bry tentent alors de pousser les murs : « Nous nous retrouvons en sous capacité, et nous avons par exemple dû installer des barnums pour certaines équipes d’effets spéciaux qui n’avaient pas de place à l’intérieur » remarque le directeur. Quelques années de patience avant de pouvoir démonter les tentes et d’intégrer des studios flambant neufs. Lesquels, au vu du succès des plateformes de streaming, pourraient encore ne pas suffire….

5 chiffres clefs du cinéma francilien
Emploi : 150.000 Franciliens, dont 19.000 sur des postes permanents travaillent dans l’industrie du cinéma
Entreprise : 6.133 sociétés du secteur sont en Ile-de-France
Lieu : 50 % des tournages français ont lieu dans la région
Aides publiques : 25 millions d’euros d’aides ont été accordés par la région en 2021 pour le 7e art
Salles : 311 cinémas, soit 1.147 écrans sont comptabilisés sur le territoire