«L’A4 est une fracture» : bientôt un nouveau pont sur l’autoroute entre Champigny, Villiers et Bry ?

L’objectif se veut simple mais les moyens alloués, notamment financiers, pourraient être colossaux. Après Villiers-sur-Marne en février, le conseil municipal de Champigny-sur-Marne a voté ce mercredi soir une étude de financement pour un projet de pont de franchissement de l’autoroute A4 entre Villiers-sur-Marne, Bry-sur-Marne et Champigny-sur-Marne.

Bry-sur-Marne prendra la même décision le 14 avril prochain. L’Établissement public d’aménagement de Marne-la-Vallée (Epamarne) et le comité du pilotage dans le cadre du contrat d’intérêt national (CIN) participent également à cette étude qui permettrait de soulager le pont des Ratrais, qui franchit l’A4. Ce dernier montre des signes de faiblesses et, surtout, n’arrive plus à absorber le trafic.

« Tous les week-ends, il y a d’importants bouchons pour se rendre au magasin Ikea de Villiers », constate Laurent Jeanne, le maire (Libres !) de Champigny, avant d’ajouter : « L’objectif est de créer un vrai lien entre Villiers-sur-Marne, Bry-sur-Marne et Champigny-sur-Marne avec un nouveau pont. L’ancien serait mis en sens unique. »

L’A4, « une cicatrice » entre les trois communes

Un temps envisagée, l’idée d’une simple passerelle a été balayée au profit d’un second ouvrage avec, si possible, la couverture de l’A4 « sur une portion de plus de 500 m ». « Cette autoroute apparaît comme une vraie cicatrice alors que les villes de Champigny, de Bry et de Villiers s’étalent des deux côtés de la voie rapide », précise le cabinet du maire de Villiers-sur-Marne. D’ailleurs, le délibéré du conseil municipal précise : « Une couverture sera donc étudiée. »



« L’objet de la mission est de définir des solutions traitant de la coupure urbaine et de l’intégration paysagère, des liens en termes de mobilités tous modes confondus entre les deux rives et des nuisances sonores de l’A4 », ajoute la décision prise par le conseil municipal de Champigny-sur-Marne.

Surtout, cela entraînerait une vraie synergie pour le développement des pôles économiques alors qu’une gare du Grand Paris Express arrive à la jonction des trois communes et que de nouveaux quartiers comme Marne Europe/Boutareines sur Villiers, Simonettes Nord, Marais-de-Gaulle à Champigny, sans oublier les Portes de l’Europe et Maisons rouges à Bry, ainsi que Fontaines Giroud à cheval sur Bry et Villiers, sortent de terre au fur et à mesure.

« Il faut recréer du lien dans ce secteur »

Le projet de Champigny-Villiers-Bry sera « appuyé politiquement » par le département. Cet axe routier ne relève pas de sa compétence. « Ils ont raison de prendre rang, réagit le président Olivier Capitanio (LR). Ce sont des sujets qui mobilisent des investissements importants. L’A4 est une véritable fracture. Il faut recréer du lien dans ce secteur où les projets de développement sont nombreux, avec Marne Europe, les Studios de Bry ou le développement de Champigny. »

« Nous avons besoin d’une étude d’impact et financière pour connaître la pertinence d’un projet », détaille Laurent Jeanne. Selon nos informations, cette expertise ne devrait pas excéder les 80 000 euros, avec 40 000 euros pour le CIN, 10 000 euros pour Epamarne et 10 000 euros pour chaque commune. « Après, il faudrait que cela aille vite », trépigne Charles Aslangul, le maire (LR) de Bry-sur-Marne.

Des murs antibruit posés, moins onéreux

Mais, dans le Val-de-Marne, le projet de couverture de l’A4 résonne dans la tête de nombre d’élus. Certains gardent en tête la bataille de Pierre Aubry, l’ancien maire de Joinville-le-Pont (1983-2008) qui avait même obtenu pour le tronçon A4-A86 une déclaration d’utilité publique (DUP). Les travaux consistaient alors en un passage par un tunnel sous la Marne. Mais après la DUP ? Rien. Trop onéreux. Ce sont des murs antibruit qui ont été posés, encore récemment au niveau de Créteil, Maisons-Alfort et Saint-Maurice. La semaine dernière, une enveloppe de 7 millions d’euros a été dégagée par l’État, selon le département, pour renforcer les protections phoniques au niveau d’un des viaducs, sur la partie A4-A86, au-dessus de la Marne.

En parallèle, la collectivité milite pour que l’A4 « devienne un boulevard urbain », comme l’expliquait voilà quelques semaines, le vice-président et maire de Charenton, Hervé Gicquel (LR), alors que 250 000 à 270 000 véhicules traversent l’A4 quotidiennement, selon les chiffres de la Dirif (direction des routes d’Île-de-France). « Il y a besoin d’apaisement des autoroutes en milieu urbain, prône le président Olivier Capitanio (LR). Les nuisances, la pollution impacte la vie des riverains. »

Mais à l’heure où les discussions pour le prochain contrat Etat-région n’ont toujours pas abordé le volet mobilités, que de nombreux dossiers anciens patientent, ce nouveau projet peut-il trouver sa place ? « Il y a les rêves et le principe de réalité », conclut un élu.