Le pôle de l’image et du son sur les rails

 

Depuis l’an dernier un comité de pilotage se réunit assidûment pour parler cinéma, audiovisuel et photographie. Parmi ses membres, les villes de Bry-sur-Marne, de Villiers-sur-Marne, l’établissement public d’aménagement EpaMarne, le groupe immobilier Nexity, l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), et l’établissement public territorial Paris Est Marne & Bois. Le sous-préfet du département assiste également aux réunions. Leur projet : construire un pôle de l’image et du son qui réunirait professionnels, entreprises, et écoles, dans un même périmètre pour travailler en synergie.

Un environnement porteur

Les lieux ont de quoi faire rêver : les studios de cinéma, implantés depuis 1987 dans les hauts de Bry-sur-Marne, ont accueilli le tournage du dernier Astérix et de nombreuses autres réalisations. L’Ina, qui archive les productions audiovisuelles françaises, est situé à quelques mètres. Un peu plus loin, on trouve aussi la propriété de Louis Daguerre, co-inventeur du premier procédé photographique au XIXe siècle. Le collège international de photographie du Grand Paris y installera bientôt ses locaux. “L’ouverture de l’établissement aura lieu d’ici un an, précise Charles Aslangul, le maire de Bry-sur-Marne. En attendant, le collège a organisé des universités d’été et prévoit l’organisation d’expositions éphémères.” Des contacts ont été pris également avec une école de cinéma et une école d’arts appliqués.

Le projet avance. Le comité de pilotage a lancé une consultation de maîtrise d’œuvre urbaine. Trois groupements ont été présélectionnés. Le choix du lauréat sera finalisé d’ici quelques semaines.

“La réalisation du pôle de l’image et du son peut aller vite, estime Laurent Girometti, directeur général d’EpaMarne. Des professionnels nous ont déjà manifesté des marques d’intérêt. De plus, la zone d’aménagement concertée (ZAC) des Fontaines-Giroux, sur laquelle il va se déployer, offre suffisamment de foncier pour être en mesure d’accueillir, d’ici à deux ans, les premières entreprises et écoles.” Le site possède des atouts : il est situé à une vingtaine de minutes du centre de Paris, et 30 minutes de deux aéroports internationaux. La desserte va encore être améliorée, avec l’arrivée de la ligne 15 sud du Grand Paris Express et de la voie de bus Altival, réalisée à l’initiative du conseil départemental. “Ce pôle s’inscrit dans une dynamique de développement de l’est parisien, rappelle Laurent Girometti, notamment avec la réalisation du quartier Marne Europe à Villiers-sur-Marne.”

L’Ina n’est pas en reste. Après avoir songé à déménager de son site historique, l’Institut a opté en 2019 pour une extension de 4 000 m² afin d’accueillir les documentalistes et les équipes techniques en charge des collections, un datacenter, un studio numérique, et de la formation. Il prévoit également l’organisation dans le département d’un festival de la création audiovisuelle, à l’été 2023 au plus tard.

L’épineuse question des logements

De son côté, Nexity a commencé à rénover les studios de cinéma dont il est devenu propriétaire en 2015. “À l’exception de la période de la crise sanitaire, les studios n’ont cessé de fonctionner à plein régime. Nous avons investi plus de 7 millions d’euros pour les moderniser, les entretenir et parfois les sécuriser”, indique Jean-Luc Porcedo, président de Nexity Villes & Projets.

Si les membres du comité de pilotage sont d’accord pour créer un pôle culturel, ils divergent quant aux contours exacts du projet. Pour Nexity, la construction de logements doit faire partie intégrante de la réflexion. “On ne peut plus fabriquer de territoires mono-fonctionnels, assure le responsable. Pour que ce soit viable, il faut une mixité de programmation, et trouver un équilibre entre l’activité culturelle, l’activité économique et la construction d’habitations. Le travail de maîtrise d’œuvre urbaine devrait nous permettre d’arriver à un consensus.”

Le maire de Bry-sur-Marne n’est pas du même avis. “Le pôle de l’image et du son est le projet de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma. Nous avons demandé aux professionnels ce qu’ils voulaient, indique l’élu, qui est par ailleurs vice-président de l’établissement public territorial Paris Est Marne & Bois et délégué au pôle image. Ils nous ont indiqué qu’il ne fallait surtout pas entourer les studios de logements car les réalisateurs veulent préserver la confidentialité des tournages.” Il faut aussi réserver du foncier à l’activité économique, aux entreprises et aux start-up. Enfin, il est nécessaire de prévoir des habitations pour les étudiants en formation, et pour les équipes qui s’installent sur place, le temps des tournages. “Nous parlons de logement dédié. La question du logement familial n’a strictement rien à voir avec le projet”, conclut Charles Aslangul.