Malgré la crise, les studios voient en grand

Actuellement, les lieux accueillent le tournage des prochaines aventures d’Astérix et Obélix. Et après une année compliquée pour la culture, le directeur se réjouit de la création prochaine, près de ses locaux, d’un ambitieux pôle de l’image, du son et de la photographie.

 

Depuis plusieurs semaines, les studios de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) sont pris d’assaut par une horde de Gaulois, avec une pléiade d’acteurs pour le tournage d’« Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu ». Le chef d’orchestre, Guillaume Canet, a investi ce haut lieu du cinéma pour deux mois de tournage avec une équipe de plus de 200 personnes.

Casquette rivée sur le crâne, Pascal Bécu, le directeur de cette superbe machine avec la société Transpalux, arbore un large sourire. Les lieux grouillent de monde. « Je suis une sorte de patron d’hôtel. Actuellement, ce film utilise l’ensemble du plateau, se réjouit ce passionné. Cela change de mars dernier où tout s’est arrêté durant deux mois. »

Un projet d’une quarantaine d’hectares

Deux mois de blanc total. Un calendrier bouleversé, des tournages à l’arrêt, d’autres annulés. Et un spectre en toile de fond qui revient, la crainte d’une fermeture des lieux, comme en 2014. Alors le patron de ces studios, ex-SFP, surveille de près le projet de développement d’un pôle de l’image, du son et de la photographie. Un projet d’une quarantaine d’hectares, à cheval sur les communes de Bry-sur-Marne et Villiers-sur-Marne, avec comme aménageur l’établissement public d’aménagement Marne (Epamarne) et Nexity, au travers de sa filiale Villes et Projets. Avec l’INA et son data center pour stocker les données audiovisuelles, une école de cinéma, un campus autour du cinéma…

« Cela créerait un effet de masse critique qui boosterait tout le secteur », explique Alain Rocca, conseiller à la présidence pour la stratégie éditoriale, pédagogique et le développement international de l’INA. « Et ce serait complémentaire de l’offre des studios, ajoute Pascal Bécu. Aujourd’hui, reconstruire de tels studios coûterait plus de 100 millions d’euros. »

Un lieu relié à Paris par le nouveau métro et à équidistance des deux grands aéroports franciliens. Ce pôle rendrait encore plus visibles les studios, qui pourraient fonctionner en symbiose avec le campus, notamment avec l’afflux de futurs stagiaires et employés, presque de l’autre côté de la rue.

En attendant, cette machine à fabriquer du rêve continue d’attirer les productions. D’un côté les studios de tournage, avec le plus grand transformé en palais de César, de l’autre d’impressionnants ateliers pour construire les décors. « Les lieux ont été pensés pour les techniciens, avec des ateliers de peinture, d’ébénisterie, de couture pour les costumes… » détaille Pascal Bécu. C’est d’ailleurs la force de ces lieux : permettre aux réalisateurs de tout avoir sous la main en cas de souci.

Vers le premier campus de France dédié au cinéma et à l’audiovisuel ?

« Nous avons recréé deux sous-marins pour le tournage du Chant du loup, se souvient Pascal Bécu. Des sous-mariniers étaient émus aux larmes en voyant le résultat. » Techniciens et comédiens ont tout sur place, avec un bar-restaurant, des lieux pour se reposer, 100 loges, des milliers d’accessoires et tous les systèmes d’éclairage et de trucage disponibles. « Nous accueillons 10 % de la production des films tournés en France chaque année, rappelle Pascal Bécu, qui compte sur les séries pour remplir les studios ces prochains mois. On s’adapte en permanence. »

La longue série des films et séries tournés en partie sur place — « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » de Jean Yanne, « Un long dimanche de fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet, « Au revoir là-haut » d’Albert Dupontel, « Versailles », « Paris police 1900 » — témoigne d’ailleurs de l’exceptionnelle adaptabilité des lieux.

« Ici, c’est un pôle historique et mythique », constate Charles Aslangul, le maire (LR) de Bry, qui souhaite avec Jacques-Alain Benisti, le maire (LR) de Villiers-sur-Marne, attirer l’école nationale supérieure Louis-Lumière au futur pôle. En effet, l’établissement doit déménager d’ici à 2024 et cherche de nouveaux locaux. « Ce qui crée une opportunité unique, celle de créer le premier campus de France dédié au cinéma et à l’audiovisuel », appuie d’ailleurs Laurent Lafon, sénateur (UDI) du Val-de-Marne, président de la commission culture du Sénat, dans une lettre envoyée à Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, à la mi-avril. Cela permettrait « de créer un écosystème qui apparaîtrait ni plus ni moins comme le tout premier pôle de compétitivité de notre pays dédié au cinéma et à l’audiovisuel », estime le sénateur.